Francis Perréard nous communique par mail son avis personnel sur “l’organisation de Dolby en France”
Ce mail est informatif, il ne se veut pas être une réponse à la lettre que l’ADM a envoyé à Dolby et ne peut être interprété comme une communication officielle de Dolby.
Bonjour,
Je tiens tout d’abord à m’excuser pour me manifester aussi tardivement au sujet des dernières informations communiquées par Dolby concernant la nouvelle organisation en France.
J’ai dû prendre un peu de recul pour analyser, comprendre et essayer d’expliquer clairement et le plus simplement possible la situation.
Les propos qui vont suivre me sont personnels et sont le reflet de ma propre réflexion et ne doivent donc pas être interprétés comme étant une communication officielle venant de Dolby.
Quand j’ai débuté chez Dolby en juin 1986 en tant que Consultant, il suffisait de connaître quatre personnes au sein de la société pour régler n’importe quel problème. Une personne en Angleterre s’occupait des contrats et coordonnait les relations entre les Productions et les studios agréés. Un Supérieur servait d’interface entre les différents consultants installés en Europe (Allemagne, Italie, Espagne et France). Il n’y avait qu’un seul interlocuteur pour la distribution des processeurs cinéma en France et un directeur général chapotait la société depuis l’Angleterre.
Monsieur Ray Dolby nous rendait visite lors des trainings organisés en Angleterre et pouvait s’intéresser personnellement à la vie de chacun d’entre nous. Il était même possible de déjeuner ou dîner à sa table.
L’esprit de la société Dolby de l’époque, tout en gardant une orientation fortement technique, était très familial et paternaliste.
En tant que Consultant, j’ai eu la chance de connaître tous les formats utilisés dans le cinéma et participer à leur évolution :
Mono, Dolby Stereo (A), Dolby SR, Dolby Digital 5.1, Dolby Surround EX, DCP 5.1, Dolby Surround 7.1 et maintenant le Dolby Atmos.
J’ai été longtemps seul à gérer la supervision des films sous contrat Dolby.
Serge Arthus m’a secondé pendant un certain temps pour retourner au sein des audis de Joinville.
En 2000, le Dolby Digital 5.1 étant en pleine expansion et devant assurer les reports de films VO et VF mais également des publicités et des films-annonces, j’ai demandé à Dolby d’accepter deux consultants supplémentaires pour la France où Dominique Schmit et Michel Monier sont venus me rejoindre.
A trois, au sein du département « Content Service » de Dolby, nous avons pu satisfaire toutes les demandes jusqu’en 2011 où Dominique c’est tourné vers les ventes de façon à servir d’interface entre Dolby en Angleterre et les installateurs.
Au cours de toutes ces années la structure de la société Dolby a fortement évoluée et après avoir été cotée en bourse a été totalement bouleversée.
A ce jour, personnellement, je suis incapable de faire un organigramme précis des différents postes hiérarchiques qui se trouvent au-dessus de moi.
Bien que la technique et le développement de nouvelles technologies restent au cœur des préoccupations de cette société, on est obligé de constater que l’idée de satisfaire les actionnaires et les investisseurs motive grandement les orientations structurelles.
Dans le domaine cinéma, Dolby a dernièrement racheté la société Doremi, d’origine française, et extrêmement bien implantée internationalement dans la production et la distribution de serveurs et équipements destinés aux salles équipées pour la projection en cinéma numérique.
Ce rachat a obligé Dolby à réorganiser les différents postes qui pouvaient malheureusement être en doublons.
La force de vente de Doremi étant supérieure à celle de Dolby, le poste de Dominique à Paris, n’avait plus lieu d’exister et on lui a demander de réintégrer le département « Content Services » sur la France.
Il faut savoir que la France a été un des pays les plus rapides à s’équiper en numérique ce qui fait que notre travail de Consultant, basé essentiellement sur les reports Dolby Digital 5.1, s’est considérablement diminué au cours des trois dernières années où on est passé de 400 films par an à environ 150.
Il faut également noté que les contrats Dolby signés il y a trois ans se faisaient sur la base du tarif maximum et que ceux de ces dernières années se sont fait sur des tarifs diminués de presque 70%.
L’évolution du Dolby Atmos en France ne permettant malheureusement pas d’occuper trois consultants à temps plein, devant la pression de ses supérieurs hiérarchiques, et dans le souci de trouver une solution allant dans le sens d’une réduction des dépenses, Matt Desborough, responsable des consultants, s’est trouvé dans l’obligation de faire le choix de sacrifier l’un d’entre nous.
Michel, plus porté sur les Productions françaises, s’étant moins investit dans le développement du Dolby Atmos en France a vu son temps de travail considérablement diminué en rapport avec le nombre de films encore mixés pour le 35mm. Au regard des statistiques Dolby sur la France, il s’est trouvé plus facilement intégré à la réduction des effectifs et a été désigné comme n’étant plus officiellement consultant au sein de l’équipe française.
Il faut savoir que Michel continue de garder son statut de Consultant Autorisé et qu’il n’est absolument pas totalement évincé du groupe des consultants.
Contractuellement, à la demande de Dolby, l’organisation du travail en France ne pourra plus se faire individuellement, comme c’était le cas actuellement avec un arrangement direct entre les studios, les mixeurs, la post-prod et le consultant concerné mais en concertation au sein du groupe afin d’optimiser la répartition du travail en fonction des disponibilités de chacun.
Le développement du Dolby Atmos en France va se faire très progressivement et il est certain que l’activité va aller en augmentant. Le rôle du Consultant, tout en conservant le mastering Dolby Digital 5.1, s’oriente naturellement dans le design et la validation des salles Atmos, le mastering des films Atmos et tout récemment vers le mastering des contenus pour le Home Atmos destinés au Blu-Ray.
De mon point de vue, et avec l’expérience que j’ai pu acquérir pendant toutes ces années dans le domaine du cinéma, la France reste un pays à part et ne peut absolument pas être dirigée comme les autres pays européens ou anglo-saxons. Nous gardons un esprit « Village Gaulois » qu’il est nécessaire de respecter et auquel il faut savoir s’adapter. Les règles de marketing ou relationnelles imposées par quelques technocrates installés dans des bureaux aux quatre coins de la planète sans mettre un pied réellement sur le terrain ne fonctionnent absolument pas en France.
Il est indispensable et vital que Dominique garde le contact avec les installateurs français et reste un référent de relation publique. Cette activité va obligatoirement ouvrir, tôt ou tard, la porte à une demande de consultant additionnel.
Je pense que la situation, telle qu’elle vient d’être formulée par Matt Desborough, répond à une demande précise d’action concrète et visible pour rendre compte officiellement d’une diminution des dépenses faites en France.
Le nombre de salles Dolby Atmos augmente de semaine en semaine, on arrive à une trentaine à ce jour en France, plus de 1000 dans le monde. Plus de 275 films ont été mixés avec le procédé et plus de 100 studios sont maintenant équipés.
Nous ne désespérons pas d’arriver à convaincre les productions françaises et les réalisateurs à adopter le procéder et comptons sur vous pour y parvenir.
J’ai bon espoir de considérer la situation proposée comme étant temporaire dans l’attente d’une augmentation prochaine de notre activité autour du Dolby Atmos.
Je reste à votre disposition pour toute discussion ou information complémentaire.
Bien cordialement,
Francis